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Me Charles Ferrant, notaire à Paris 1588 VII-44.jpg

Portrait de Me Charles Ferrant, notaire au Châtelet de Paris, 1588
(Arch. nat., Minutier central, VII-44)

Formules terminales cursives (1602)

Initialement fractionnée (chaque lettre étant tracée en plusieurs séquences), l’écriture gothique a subi une importante mutation aux XIVe-XVe siècles en devenant liée (chaque lettre étant tracée en une seule séquence)[1]. Ce qui a ouvert le champ à une rapidité d’exécution beaucoup plus grande et, pour les écritures documentaires (minutes notariales et plumitifs, notamment), à une cursivité de plus en échevelée aux XVIe-XVIIe siècles : la plume ne se relève pratiquement plus, les lettres étant tracées continûment et les mots étant de moins en moins séparés. Ces ligatures omniprésentes génèrent de grandes déformations, des simplifications à l’extrême des lettres et une disparition des jambages, auxquelles s’ajoutent d’amples traits d’amorce, des boucles débordant d’une ligne à l’autre et des abréviations simplifiées confinant à l’idéogramme.

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Le pire est sans aucun doute réservé aux formules juridiques, obligatoires, mais dont le contenu répétitif est supposé être connu de tous. Généralement abrégées (« Promectant etc. Obligeant etc. Renonçant etc. »), elles font l’objet d’un traitement extrêmement bâclé, notamment les formules terminales.

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En voici un exemple parfaitement représentatif avec les dernières lignes d’une procuration parisienne de 1602[2] :

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« Promectant etc. Obligeant etc. Faict et passé ès estudes desdictz notaires
soubzsignez, avant midi, l’an mil six cens deux,
le mercredi vingtiesme jour de febvrier, et a
declaré ne sçavoir escrire ny signer, et neanlmoings a
faict sa marque. »

 

La plume ne se relève presque jamais d’un bout à l’autre de la ligne, les lettres sont très déformées et une bonne quinzaine d’abréviations sont à dénombrer sur ces quatre lignes et demie.

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Ce genre d’écriture caractéristique des XVIe et XVIIe siècles pose évidemment d’énormes difficultés de lecture et rebute nombre d’étudiants, d’historiens ou de généalogistes. Le lecteur, en plus de disposer d’une parfaite connaissance des usages paléographiques (forme des lettres, ligatures, système abréviatif) de cette période, doit s’aider du contexte et des habitudes rédactionnelles du scripteur pour résoudre ce genre de texte en forme d’énigme.

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[1] Voir la bibliographie.

[2] Arch. nat., Minutier central, XLIX-255, fol. 111 r°.

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Bibliographie :

– Emmanuel POULLE, Paléographie des écritures cursives en France du XVe au XVIIe siècle, Genève (Droz), 1966.

– Emmanuel POULLE, « Aux origines de l’écriture liée : les avatars de la mixte (XIVe-XVe siècles) », in Bibliothèque de l’Ecole des chartes, 2007, tome 166, pp. 187-200.

– Emmanuel POULLE, « Le paléographe face aux écritures cursives », in Du signe à l’écriture, dossier hors-série Pour la Science, octobre/janvier 2002, pp. 98-99.

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